• Sarkozy: nouveau lapsus ?

    A Rungis hier matin, Nicolas Sarkozy déclarait devant caméras, micros et journalistes:

    « Ce qu'on essaie de faire, c'est de réhabiliter le travail. Que chacun d'entre vous qui se lève à 2h du matin ou 4h du matin se dise, "au moins, ça va servir à quelque chose à ma famille; on va pouvoir mieux vivre, mes enfants avoir une meilleure école, moi payer mon logement". »

    Réhabiliter le travail n'est peut-être pas superflu, encore faudrait-il prouver que le travail avait perdu de sa valeur ces dernières années - ailleurs que dans le discours de l'UMP j'entends. Pouvoir mieux vivre grâce à des revenus plus élevés, la réflexion est peut-être réductrice mais correspond à l'attente de son électorat, dont acte. Mais que, grâce à des meilleurs revenus, des parents puissent offrir à leurs enfants une « meilleure école » est un grave lapsus de la part d'un président français !

    Certes, ce n'est pas un secret. L'éducation en France est basée sur un système élitiste. Les plus riches peuvent offrir les meilleures écoles à leurs enfants et supporter le coût de leurs études. Et si les plus pauvres peuvent avoir accès aux bourses d'études, cela induit d'échapper au préalable au "piège" que constituent les ZEP et autres écoles où, compte tenu de l'expérience des professeurs et d'une mixité sociale défaillante, l'enseignement laisse parfois à désirer.

    Mais la situation actuelle et l'idéal démocratique-républicain sont deux choses distinctes. Le président de la République française est élu pour promouvoir l'idéal démocratique et faire en sorte que la réalité de son pays s'en rapproche le plus possible. Sarkozy n'a évidemment pas été élu pour changer l'éducation française en un idéal égalitaire, il n'a pas été élu non plus pour défendre le statu quo en matière d'injustice sociale - cela ne correspond ni à la sociologie de son électorat, ni à ses prérogatives de chef d'état.

    Le lapsus est d'autant plus inquiétant que les réformes de l'éducation nationale sont en cours, sur fond de mécontentement des professeurs. Sans vouloir la jouer tragico-dramatique, comment un président adhérent à une certaine forme d'élitisme social en terme d'éducation peut-il défendre l'enseignement le plus juste pour tous ? Comment faire reculer l'injustice sociale lorsque l'on porte, même inconsciemment, un discours contribuant justement à la fracture sociale ?

    Le dernier point n'est pas des moindres. A ma connaissance, aucun journaliste ou éditorialiste n'a réagi à ces mots malheureux - et pourtant, les critiques sur le populisme sarkozyste ont repris de plus belle après cette visite. A force d'être abreuvé d'informations, de déclarations et d'images, on finit par ne même plus remarquer les permanentes contradictions proposées par Sarkozy. On oublie le fond, on se concentre sur la forme. Il est bien beau, l'idéal républicain.


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  • Commentaires

    1
    Fab
    Mercredi 28 Mai 2008 à 20:43
    Eh beh !
    Ouarf, il en manque pas une notre nico National (je viens de remarquer que tu partageais le prénom de notre président. Violent ^^) Ca faisait un bail que je n'étais pas venu prendre de nouvelles ici et je n'aurai qu'une chose à dire : quelle plume ! un vrai pro ! bonne chance pour Tours, tu va tous les défoncer =D
    2
    Fab
    Mercredi 28 Mai 2008 à 20:44
    Eh beh !
    Et pour la peine, je t'en met même un deuxième ! (Bon, je retourne bosser ^^)
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