• Il a fallu que j'aille jusqu'au Danemark pour découvrir l'existence de l'ICANN (Internet Corporation for Assigned names and numbers), organisme américain qui gère l'ensemble des noms de domaine de l'Internet, rien que ça. Et à l'occasion de sa réunion annuelle (qui commençait ce matin à Paris), son président a annoncé la libéralisation du marché des extensions de noms de domaine, à partir de 2009. Fini, donc, les uniques .com, .net, .fr ou .uk, les adresses de sites internet pourront désormais s'achever par exemple par .ville, .maison, ou .politique. La décision a été prise pour soulager les traditionnelles extensions, aujourd'hui saturées.

    L'ICANN pose toutefois ses conditions, et continuera à gérer l'attribution des noms de domaine afin de protéger les noms propres (de personnes ou d'entreprises) et de respecter «l'ordre public et moral». D'un côté purement pratique, cela risque de compliquer sérieusement la retenue des noms de sites internet et la multiplication des cas de cybersquattage. Mais d'un point de vue purement financier, l'ICANN devrait s'enrichir considérablement ces prochains mois avec la vente massive de nombreux nouveaux noms de domaine - ironie pour cette association... à but non lucratif.

    Il faudra donc peut-être bientôt trouver sa propre extension de domaine. J'ai déjà ma petite idée sur la question: .tille, .barre, .alaligne. C'est aussi ça, la classe.


    3 commentaires
  • A Rungis hier matin, Nicolas Sarkozy déclarait devant caméras, micros et journalistes:

    « Ce qu'on essaie de faire, c'est de réhabiliter le travail. Que chacun d'entre vous qui se lève à 2h du matin ou 4h du matin se dise, "au moins, ça va servir à quelque chose à ma famille; on va pouvoir mieux vivre, mes enfants avoir une meilleure école, moi payer mon logement". »

    Réhabiliter le travail n'est peut-être pas superflu, encore faudrait-il prouver que le travail avait perdu de sa valeur ces dernières années - ailleurs que dans le discours de l'UMP j'entends. Pouvoir mieux vivre grâce à des revenus plus élevés, la réflexion est peut-être réductrice mais correspond à l'attente de son électorat, dont acte. Mais que, grâce à des meilleurs revenus, des parents puissent offrir à leurs enfants une « meilleure école » est un grave lapsus de la part d'un président français !

    Certes, ce n'est pas un secret. L'éducation en France est basée sur un système élitiste. Les plus riches peuvent offrir les meilleures écoles à leurs enfants et supporter le coût de leurs études. Et si les plus pauvres peuvent avoir accès aux bourses d'études, cela induit d'échapper au préalable au "piège" que constituent les ZEP et autres écoles où, compte tenu de l'expérience des professeurs et d'une mixité sociale défaillante, l'enseignement laisse parfois à désirer.

    Mais la situation actuelle et l'idéal démocratique-républicain sont deux choses distinctes. Le président de la République française est élu pour promouvoir l'idéal démocratique et faire en sorte que la réalité de son pays s'en rapproche le plus possible. Sarkozy n'a évidemment pas été élu pour changer l'éducation française en un idéal égalitaire, il n'a pas été élu non plus pour défendre le statu quo en matière d'injustice sociale - cela ne correspond ni à la sociologie de son électorat, ni à ses prérogatives de chef d'état.

    Le lapsus est d'autant plus inquiétant que les réformes de l'éducation nationale sont en cours, sur fond de mécontentement des professeurs. Sans vouloir la jouer tragico-dramatique, comment un président adhérent à une certaine forme d'élitisme social en terme d'éducation peut-il défendre l'enseignement le plus juste pour tous ? Comment faire reculer l'injustice sociale lorsque l'on porte, même inconsciemment, un discours contribuant justement à la fracture sociale ?

    Le dernier point n'est pas des moindres. A ma connaissance, aucun journaliste ou éditorialiste n'a réagi à ces mots malheureux - et pourtant, les critiques sur le populisme sarkozyste ont repris de plus belle après cette visite. A force d'être abreuvé d'informations, de déclarations et d'images, on finit par ne même plus remarquer les permanentes contradictions proposées par Sarkozy. On oublie le fond, on se concentre sur la forme. Il est bien beau, l'idéal républicain.


    2 commentaires
  • Une fois encore, la phase finale de l'Euro Song Contest (appelé plus communément Eurovision en France) a donné lieu à une grotesque parodie de compétition artistique. La Russie, vainqueur, n'avait pas trouvé mieux que de présenter un improbable trio (chanteur-violoniste-patineur) aux vieux relents de boys band des années 90, jeans blanc immaculé, chemises ouvertes, genoux au sol et mains sur le coeur. Autre recyclage de cliché avec l'Ukraine qui, malgré le décolleté et la jupe ultra-courte de la chanteuse et l'impeccable chorégraphie de ses danseurs aux muscles saillants, aurait pu tout aussi bien s'imposer. La France elle, de nouveau, n'avait pas trouvé mieux que d'envoyer un improbable croisement de Chabal-Polnareff en la personne de Sébastien Tellier qui, avec tout le respect qu'on lui doit, n'avait pas plus de chance de s'imposer que n'en auraient eu Cindy Sander de M6 ou Grosjojo des Bisounours. Et puis, respect à l'Allemagne qui n'aura pas assez d'une année pour se remettre de l'humiliation de ses "anges": chanson fade, costumes ridicules, chorégraphie inexistante; pour sûr, Berlin ne voulait pas se charger d'organiser l'Eurovision 2009 - seule explication plausible à l'envoi de tels candidats.

    Mais la vrai honte n'est pas là. Elle réside en le fait que Dustin (en photo) ait été censuré. Non, chers lecteurs, l'expression n'est pas exagérée, Dustin a injustement été éliminé à l'issue des demi-finales, l'empêchant ainsi de se présenter au reste du monde -de l'Europe du moins- lors du fameux direct de samedi soir. Censurer Dustin, c'est renier les souvenirs d'enfance de toute une génération. Censurer Dustin, c'est rejeter le culture de tout un peuple irlandais qui avait bien besoin de sa marionnette pour oublier des années de souffrances civiles. Censurer Dustin, c'est bafouer l'honneur de l'Humour qui est, il faut bien l'avouer, à la musique ce que sont les Bisounours à l'existence: on pourrait s'en passer, mais ça n'a plus la même saveur. Nous sommes donc en droit de poser la dérangeante question: quels intérêts -économiques, commerciaux, politiques voire géopolitiques- Dustin menaçait-il avec sa chanson extravagante, ses costumes grotesques et son humour gras mais décapant ?? Il doit bien y avoir du Poutine là-dessous; la Russie qui gagne, ça a toujours eu un côté louche.


    2 commentaires
  • Le sujet est revenu sur le tapis, récemment, avec l'un de mes interlocuteurs français. Poutine, la Russie, la démocratie. Violente prise de tête. Et puis, il est réapparu aujourd'hui dans mes révisions, mémoire sur l'après-guerre froide oblige.

    Je ne suis pas un fan de Vladimir Poutine. J'ai été le premier choqué du coup de téléphone de Nicolas Sarkozy à son homologue russe fin 2007, après sa brillante -ou décrite comme telle- victoire aux législatives. Sarkozy, seul chef d'état occidental à l'avoir contacté, avait cru bon de «chaleureusement féliciter» Vladimir Poutine - la honte. Mais passer une année à l'étranger et dans un contexte multi-culturel, c'est l'occasion de se confronter à de nouvelles cultures. Et faire tomber la barrière des préjugés et des convictions. Quitte à prendre un bon coup sur la tête.

    Poutine de nouveau vainqueur, à défaut d'être réélu président

    Poutine aura donc tenu huit ans à la présidence de la Russie. Il se sera fait réélire une fois -limite autorisée par la constitution-, aura gagné toutes les législatives, et fait élire son successeur Medvedev, s'accaparant le poste de premier ministre par la même occasion. Avant de, pourquoi pas, briguer un nouveau mandat de président en 2012 - scénario plausible et constitutionnellement légal. Comment expliquer un tel succès et une telle omni-présence de la part d'un homme qui aura gouverné la Russie d'une main de fer pendant 12 ans (de 2000 à 2012), sinon plus ?

    Et là, pour nous, occidentaux, l'explication est claire. Tellement évidente que l'on s'engouffre sur cette autoroute de convictions et de certitudes, sans réfléchir, formatés que nous sommes par les médias et par notre orgueil culturel. Oui, bien sûr. Poutine a gagné grâce à la censure des médias. Oui, évidemment, il a muselé l'opposition. Et puis il a truqué les élections, aussi. Certes.

    Certes, la censure des médias n'est pas une nouveauté. La plupart des chaînes n'invitent pas de représentant de l'opposition lors des débats, débats qui n'ont pas pour habitude d'êtres contradictoires par ailleurs. Les seuls médias libres sont une ou deux radios à l'audience limitée, ainsi que quelques journaux aux audiences, elles, confidentielles. Sans compter les pressions exercée sur les journalistes indépendants, avec pour menace quotidienne l'emprisonnement et l'oubli en Sibérie, voire, pire, la mort. L'enquête sur l'assassinat d'Anna Politkovskaïa n'a certes pas démontré de lien avec aucune des cellules du pouvoir, mais quelle indépendance pour la justice dans la Russie actuelle ?

    Certes, l'opposition est muselée. Ecartée des médias, elle n'a que très peu de moyens de se faire connaître d'une population pauvre, mal éduquée et uniquement informée par la télévision. Et même lorsque des grandes personnalités comme le champion d'échec Gary kasparov s'engagent sur la voie d'un rassemblement populaire d'opposition impossible à contenir, le pouvoir parvient rendre impossible leur représentation aux élections - Kasparov a jeté l'éponge pour ne pas avoir réussi à trouver une salle où rassembler ses militants dans Moscou, condition nécessaire pour faire acte de candidature. Et lorsque c'est un oligarque qui décide de revendre une partie de ses actions pour s'investir en politique -dans l'opposition bien sûr-, il est bien vite condamné à quelques années de prison, dépossédé de son groupe et mis au secret dans une prison lointaine.

    Certes, les élections n'ont jamais été toutes claires. Lors des dernières législatives, Poutine a gagné en Tchétchénie à raison de 99%, score qui pourrait faire sourire si la guerre dans cette province n'était pas si « sale» (expression employée par Poutine lui-même). Quant à d'autres petites provinces, certaines ont voté pour Poutine à près de 102% ! Grossier, stupide et inutile flagrant délit de fraude électorale: Poutine aurait de toute façon remporté les élections.

    Et s'il n'était pas si illégitime que ça ?

    Nous voici donc à pleine bourre sur cette autoroute de nos certitudes occidentales formatées de pauvres petites vierges effarouchées. Poutine a donc gagné car détruit l'opposition, la presse, et s'est mis le puissant secteur industriel dans sa poche - condition nécessaire à la réalisation des deux précédentes, soit dit-en passant. Mais... et si Poutine avait gagné légitimement ? Et si Poutine avait gagné car les russes avaient voté sur lui ? Et si Poutine avait gagné car, supposition plausible à la lumière de la précédente, les russes l'appréciaient ? Et si Poutine était, en d'autres termes, l'homme que la majorité de la Russie souhaite voir à sa tête ?

    Loin de moi toute envie de tomber dans un discours libéral consistant à légitimer toute l'action d'un dirigeant légèrement despote et parfois sans état d'âmes, mais à évoquer le sujet avec des russes, des vrais, on s'aperçoit vite du manque de profondeur du raisonnement caricatural mis en avant dans nos sociétés fières et «développées».

    C'est qu'il faut prendre en compte les réalités de la Russie d'il y a vingt ans. De cette Russie pauvre, ruinée, obsolète, implosant à défaut d'exploser, et, surtout, humiliée sur la scène internationale après avoir régné un demi-siècle sur un bon tiers de la planète. Gouffre idéologique, gouffre financier et gouffre moral. Le capitalisme a pris le relai, affaibli encore plus le pays, créé des ecarts de richesses abîssaux entre paysans sans terre et nouveaux magnats du pétrole. Et surtout, forts de leur victoire de la Guerre Froide, les américains mettent en place une politique d'isolement de la Russie afin de la maintenir "down".

    Nous sommes aujourd'hui en 2008. Et, quoi qu'on en dise, la Russie d'aujourd'hui progresse. Certes, une partie de la population vit toujours dans la misère. Mais une puissante classe moyenne se développe, profitant du renouveau économique du secteur industriel russe. Au point que des entreprises russes -à l'instar de Gazprom- deviennent aujourd'hui des leaders mondiaux dans leurs secteurs. Et leurs richesses commencent à profiter aux russes. Sur la scène internationale, la Russie fait de nouveau peur. Le spectre d'une nouvelle morcellisation des sphères d'influence pèse de nouveau sur les politiques américaines et internationales. Et, lorsqu'elle le souhaite agir dans ses intérêts, la Russie peut jouer de différents modes d'action: du militaire (la démonstration de force sur la Place Rouge lors de l'intronisation de Medvedev en est une belle illustration) au financier (présence extraordinare et insoupçonnée en occident en terme de capitaux), en passant par les ressources naturelles (la rupture d'approvisionnement de l'oléoduc ukrainien en 2004 avait passablement gêné l'Allemagne) ou par les nouvelles technologies (hackers). Or c'est à la capacité de nuisance que se détermine l'influence d'un état. Ironie suprême: c'est par des pieds de nez constants aux institutions internationales, traités établis, et politiques préconisées par le FMI et la Banque Mondiale que Moscou s'est relevé aussi rapidement. La Russie de 2008 n'a plus rien à voir avec celle de 1991. Et c'est peut-être de ça aussi, que les russes ont besoin.

    A défaut d'y voir la «démocratie dirigée» que Poutine défend à couvert, le terme de «démocratie manipulée» utilisé par Jean Radvanyi paraît pertinent. Car, à priori, les dernières élections n'ont pas donné lieu à de nouvelles fraudes électorales. Car, à priori, les russes ont toujours leur droit de circuler, de commercer ou de voyager à l'étranger pour ceux qui le peuvent (mais leur nombre augment), d'éduquer leurs enfants aux quatres coins du monde, voire d'accéder à Internet. Un semblant de démocratie, donc. Façon inévitable d'accéder à la «vraie» démocratie, arguent les dirigeants russes. Façon la plus efficace aussi de replacer le pays sur la scène internationale, à la place qui devrait être la sienne. Sans vouloir légitimer Poutine, Medvedev et consorts, c'est tout un raisonnement sur la démocratie et la pertinence du «totalitarisme socialiste» qui pourrait être remis en cause, sur les bordures du moins.

    Si les russes ont voté Medvedev pour garder Poutine à la tête de l'état, alors je dirais bienvenue à Medvedev et bonne chance à Poutine. Je n'irai juste pas jusqu'être chaleureux, moi. Mais bon, chacun son truc.


    2 commentaires
  • I've never heard about Austria. Of course, as historian, I know its history place. The Empire(s), Vienna, Mozart, Franz Ferdinand of Austria--and Hitler, if we want. But since, nothing. Anyway: Austria seems blocked between the strong Germany, the rich Swiss, the sexy Italy and the threaten East-Europe. And even the name "Austria" doesn't feel nothing: no nice beatches, no beautifull girls, no good weather, no pleasant langage--at least, if there is, nobody knows.

    I'm from the "digital generation". My education is partly a mix of newspapers, information websites and TV. If I don't care about something, it's mostly because I don't hear about it. And really, I don't care about Austria. However, I've been there, in Krems to be precise. But the only things I remember are my team and the last point against the irish team (a legend now). Nothing about the city, the country, the langage, even Austrians.

    Fortunately, Austria got some crazy stories. Three the last ten years, at least. Enough to remember to the world that Austria didn't disappear, I would say.

    The first time was the election of the nazi politician, Jörg Haider. It was in 2000, I was young, not really interesting. I re-discovered that story few months ago, for my studies. But anyway: Austria was under the spotslights. The second was, more recently, the discovering of the incredible story of Natascha Kampusch. She leaved in captivity during 8 years. It seemed amazing. But it was finally almost nothing compared to the 24 years of Elisabeth Fritzl. Of course, that was the third about Austria.

    What's wrong in Austria ? I'm wondering. Are Autrian people crazier than the rest of the world ? Maybe. But, regarding to the Autrian students I know here, they seem normal. They are not skinheads, they don't wear the nazi star on their arm, they don't have knifes between their teeth, they don't look like criminals. Of course, criminal never look like criminal.

    Never ? No. Josef Fritzl really look like a criminal. Worrying face, threaten eyes, wrinkled skin. Police couldn't get a worst picture of him. But it's the only picture journalists got, then it's the only picture that TV, newspapers and internet websites are showing. The story was amazingly crazy; we just needed the picture of THE Criminal, of THE Monster. We have it: now we can imagine the hell known by his daughter. Definitely, the legend is on the way. As an famous Autrian newspaper wrote last week: from now, in Austria, nothing will be like before.

    And then, French press woke up. By French press, I mean Le Parisien--a kind of popular dish towel always running after crazy stories. The AFP and Libération already told about her: it was in March and the story stayed quite confidential. It was before. After Le Parisien's article last week, French TV's ran until Lydia Gouardo's place: she got long reportages and even an "exceptionally long interview" at TF1, the first channel. Understandable: her story is almost the same. She was not locked in a secret room, but the father didn't need the protection: everybody in the village--neighbour, mayor, police--knew the situation, everyone knew that she got 6 childrens with him and she was beaten by him. And when she tried to escape, the social services brought her at home. After saying everything was okay. She leaved in this situation... 28 years.

    Unusefull to try to discover what's wrong in Austria, we should first discover what's wrong in France. Not about French people. But about French social workers who didn't see the traces of beating on her, the results of the sexual agressions (6 childrens, God!). And what about the neighbourhood ? What about the mayor, and even the police ? And more, what about the French press ? Without Elisabeth Fritzl, they would probably never tell again about Lydia Gouardo.

    The worst attracts the worst. We will probably hear about Fritzl and Gouardo during few days, few weeks, maybe months. And perhaps about other poor women, with destructed life because of their fathers. Just to be sure that people are understanding that the worst exists, in that crazy world. Sure, it's even worst than food crisis or than situation in Tibet.

    When press is doing Emotional, instead of Information. Please, just go back to Information. World won't be better; but world won't by worst as well.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique